Les liens d’attachement

Le concept d’attachement : un peu d’histoire

L’attachement est un concept développé par John Bowlby (1909-1990) dans les années 50. Il va s’appuyer notamment sur les théories éthologiques de :

  • Konrad Lorenz (1903-1989) et l’étude du phénomène d’empreinte ou d’imprégnation chez les oies cendrées : à l’éclosion de l’œuf, l’oison s’attache au premier objet animé qu’il voit comme sa mère…
  • Harry Harlow (1905-1981) et la privation sensorielle des macaques rhésus : Harlow sépare le bébé macaque de sa mère et le met seul dans une cage. Dans cette cage se trouve une « mère laine » (une structure en fer avec du tissu autour pour donner de la douceur et de la chaleur) et une « mère fer » (structure en fer avec un biberon pour nourrir le bébé). Le bébé macaque vient se nourrir rapidement auprès de la « mère fer » et se blottit le reste de son temps contre la « mère laine ».

Bowlby s’est également intéressé aux études de René Spitz (1997 – 1974) sur le syndrome de l’hospitalisme et de dépression anaclitique. Lors de la seconde guerre mondiale, le nombre d’orphelins est très important et le personnel soignant peu nombreux (1 personne pour 12 enfants). Les infirmières nourrissent et langent les nourrissons mais ne peuvent pas leur donner de chaleur humaine. Cela provoque des carences affectives très importantes avec un dépérissement pouvant aller jusqu’à la mort. Ce dépérissement est caractérisé par un retard mental et/ou physique chez l’enfant.

Le lien d’attachement est un besoin primaire qui a pour fonction la survie et la protection de l’individu. Selon Bowlby, c’est un système de régulation de la proximité. Ce système permet l’activation du caregiving de l’adulte c’est-à-dire de l’ensemble des comportements parentaux de soins physiques et affectifs donnés à l’enfant.

Agrippement et attachement

Les comportements spécifiques

Dès la naissance, l’enfant met en place des comportements spécifiques permettant de garder l’adulte à proximité. Il existe cinq comportements spécifiques de l’attachement :

  • l’agrippement : réflexe permettant de fermer les doigts sur un objet
  • la succion : nécessaire au cours de la tétée entrainant une proximité avec la mère
  • le sourire : permet de prolonger la proximité avec l’adulte
  • les pleurs ou les cris : signaux d’alarme signifiant que quelque chose ne va pas
  • le fait de suivre du regard : permet de garder un lien pour se réassurer lors des situations de stress

Pourquoi ces comportements ?

Ce type de comportement permet à l’enfant de construire plusieurs figures d’attachement : les personnes qui s’occupent de lui au quotidien.
Dans les premières années, la figure d’attachement privilégiée est généralement la mère ou le père en fonction du temps passé au quotidien avec l’enfant. Toutes les autres personnes s’occupant de l’enfant sont des figures d’attachement secondaires (frères et sœurs, grands-parents, assistantes maternelles, puéricultrices, professeur, etc…).
Quand l’enfant grandit ses figures d’attachement évoluent. A l’adolescence, les amis proches constituent des figures d’attachement puis le petit copain ou la petite copine. A l’âge adulte, la figure d’attachement privilégiée est la personne avec laquelle nous vivons au quotidien.

Attachement secondaire

Les différents types d’attachement

Mary Ainsworth (1913 – 1999) a développé le paradigme de la situation étrange pour évaluer l’attachement chez des enfants de 11 à 24 mois. Ce paradigme consiste à confronter l’enfant à des séparations avec sa mère à plusieurs reprises et le mettre en présence d’un étranger. Cette expérience, particulièrement stressante pour l’enfant, n’est plus utilisée à l’heure actuelle. À partir de ses résultats, Ainsworth a dégagé 3 types d’attachement :

  • Attachement secure : l’enfant explore son environnement sans problème en présence de sa mère. Si un inconnu rentre dans la pièce et que la mère est là l’enfant ne semble pas stressé. Quand sa mère sort de la pièce, il manifeste des comportements d’attachement (pleurs, cris,…). Au moment des retrouvailles avec sa mère, il se sent rapidement rassuré.
  • Attachement insecure anxieux/évitant : l’enfant explore son environnement en présence et sans sa mère. Au retour de sa mère, il l’évite. Son niveau d’anxiété est très élevé et l’empêche de déclencher ses comportements d’attachement.
  • Attachement insecure anxieux/ambivalent, résistant : l’enfant semble préoccupé. Il recherche le contact et en même temps le rejette. Il est très émotif lorsque sa mère s’absente et se met à pleurer sans pouvoir s’arrêter même quand elle revient.
  • Attachement insecure désorganisé : développé par Mary Main après avoir remarqué que 5 % des enfants ont des comportements ne rentrant dans aucune autre catégorie. Ce groupe représente les enfants ayant subi des maltraitances de manière directe ou indirecte. Dans 20 % des cas, la mère a elle-même subi des maltraitances dans son enfance et a peur de reproduire les mêmes comportements.